FORCE OUVRIERE F.S.F

Aussitôt dit, aussitôt fait. La semaine dernière, le PDG de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, confiait qu'il n'excluait pas de réduire sa participation dans Faurecia, si cela pouvait permettre au premier équipementier français de participer à certains regroupements pour renforcer ses positions. Hier, Faurecia a annoncé l'acquisition de l'américain Emcon Technologies, (2,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier), spécialiste du contrôle des émissions polluantes, basé à Troy dans la banlieue de Detroit. Depuis le début de la crise, voici un an, il s'agit du premier achat significatif réalisé par un équipementier français à l'étranger. C'est aussi la première opération de croissance externe de Faurecia depuis fin 2000, date de son rapprochement avec Sommer Allibert, qui lui conférait son périmètre actuel.

L'opération, payée exclusivement par l'émission de 20,9 millions d'actions nouvelles, devrait avoir un effet relutif sur le bénéfice net par action dès l'exercice 2011. A l'issue de cet apport, PSA, qui contrôle Faurecia à hauteur de 71 %, restera son actionnaire majoritaire, mais descendra à hauteur de 57,4 % du capital. One Equity Partners, fonds d'investissement de la banque américaine JPMorgan Chase & Co, qui entre par le biais d'Emcon, en détiendra 19 %.

« Emcon va rejoindre l'activité de systèmes d'échappement de Faurecia et faire du groupe le nouveau leader mondial du contrôle des émissions, se réjouit le PDG, Yann Delabrière, qui double ainsi l'américain Tenneco. Il s'agit d'un marché en forte croissance, d'autant plus que la réglementation est de plus en plus exigeante en matièrede réduction des émissions pol-luantes. »

Pour les voitures, le marché potentiel total est estimé à 65 milliards d'euros en 2020, contre 29 milliards d'euros en 2008, en augmentation de 7 % par an. Même croissance attendue dans le domaine des véhicules commerciaux et industriels, nouvelle activité du portefeuille de Faurecia apportée par Emcon.L'opération doit générer des synergies « de l'ordre de 60 millions d'euros par an ». Selon la direction, l'acquisition n'aura pas d'impact industriel en France, la société américaine, qui emploie 6.000 personnes dans 19 pays, n'y étant pas implantée. En revanche, on peut s'attendre à d'importantes réductions d'effectif en Allemagne et aux Etats-Unis.

Si le point bas de l'activité est passé pour les équipementiers auto, la crise a enclenché une recomposition de la filière. L'acquisition d'Emcon par Faurecia est la traduction d'une stratégie annoncée par Yann Delabrière dans nos colonnes, le 21 juillet. « Beaucoup de constructeurs ont souffert d'avoir des fournisseurs trop faibles,commentait-il hier. La crise a mis en lumière la nécessité d'être plus global, elle a accéléré la consolidation du secteur. » L'entreprise n'envisage pas pour autant de grands mouvements stratégiques dans les prochains mois. « Maintenant, notre priorité est d'obtenir les bénéfices de cette acquisition », indique le PDG de la filiale de PSA, qui fabrique également des sièges, intérieurs véhicules et blocs avant.

Pour sa part, Philippe Varin, le PDG de PSA, s'est «  félicité  » de cette opération. « Ce mouvement stratégique confirme notre volonté d'accompagner la stratégie de développement de Faurecia » , a-t-il déclaré hier. Cette initiative de croissance externe a été bien accueillie par le marché : l'action PSA affichait une hausse de 4,1 % à la Bourse de Paris, tandis que le titre Faurecia progressait de 6,7 %.